20ème anniversaire ASDMD
Ce mardi 25 novembre 2025 a eu lieu notre repas d'anniversaire, pour les 20 ans de présence de notre Association sur le Territoire de la Nouvelle-Calédonie.
Voici l'allocution de notre Président ; Jean-Pierre FLOTAT.
ALLOCUTION DEJEUNER ASDMD (25 novembre 2025)
Mesdames, messieurs, chers amis ….Bonjour !
Et merci de votre présence à ce moment de partage autour d'une bonne table et de bonnes bouteilles aussi, du moins je l'espère pour fêter le 20° anniversaire de notre association!
Cependant, je dois avant toute chose vous dire que, en prenant la parole aujourd'hui, je me sens comme un imposteur car ce n'est pas moi qui devrais s'exprimer mais le fondateur de notre association en la personne de notre ami trésorier, J.P. Belhomme !
Mon cher Jean-Paul, considère donc que je ne suis que ton porte-voix en qualité de président par défaut !
Il nous faut considérer cette occasion, provoquée pour nous retrouver, comme un moment festif, convivial et joyeux alors que, et c'est un paradoxe, le principal sujet qui sous-tend notre association est la mort ! Sujet morbide et macabre pour certains alors que la mort fait partie de la vie et en constitue l'issue fatale et inéluctable, destinée commune à tous les vivants et c'est en quoi nous sommes tous égaux devant la mort : pas d'exception ou de dérogation à cette règle intangible !
A vrai dire, ce qui nous importe au sein de notre association, ce n'est pas tant la mort elle-même que la façon de mourir !.... Ce en quoi nous nous attelons depuis plusieurs années, modestement mais avec conviction, pour offrir à chacun d'entre nous le plein exercice de cette ultime liberté individuelle qu'est le choix de sa mort.
Et pourtant, cette question de la fin de vie reste un sujet complexe et particulièrement sensible, voire clivant, en raison des approches antagonistes sur la manière de traiter ce problème qui touche la personne dans ses intimes convictions à caractère philosophique, éthique, culturelle ou religieuse.
D'ailleurs, et depuis toujours, le questionnement sur la mort constitue l'obsession métaphysique première de l'humanité car son mystère n'a jamais été élucidé et , à la différence de nos anciens qui pratiquaient la mort solidaire, c'est un sujet qui est devenu tabou : nous sommes tous des mortels habités par la conscience de notre finitude et pourtant nous nous entêtons à y penser le moins possible car elle fait peur et le mystère de la mort effraie !... la philosophie de notre association dément cette culture de la mort pour en faire un sujet d'espérance de pouvoir quitter ce monde dans la sérénité et la responsabilité assumée dans le choix de sa mort.
Où en sommes-nous aujourd'hui dans notre combat pour disposer de tous les recours possibles dans la gestion de notre fin de vie ?
Depuis les travaux de la convention citoyenne sur la fin de vie, le Gouvernement a présenté un projet de loi en avril 2024 qui visait notamment :
- La définition large des « soins d'accompagnement », au-delà des seuls soins palliatifs. - La création d'une nouvelle catégorie d'établissement, les « maisons d'accompagnement », intermédiaires entre domicile et hôpital.
- L'instauration d'un droit à l'aide à mourir pour les personnes majeures atteintes d'une maladie grave et incurable en phase avancée ou terminale, répondant à des conditions précises.
L'enjeu est double : d'une part, garantir un accompagnement digne et de qualité jusqu'à la mort, pour le malade et ses proches ; et d'autre part, répondre à une aspiration de liberté et de respect de la volonté des personnes dans des situations extrêmes.
Or, comme vous le savez, les travaux sur ce projet de texte ont été interrompus en juin 2024 en raison de la dissolution de l'Assemblée nationale.
En janvier 2025, Le Premier Ministre F. Bayrou a souhaité scinder le dossier en deux textes distincts : l'un consacré aux soins palliatifs et à l'accompagnement, l'autre à l'aide à mourir.
A la suite de quoi, deux propositions de loi ont été déposées, examinées et adoptées par l'Assemblée nationale en mai 2025, et ces textes sont 2 maintenant sensés suivre leur chemin vers le Sénat où ils devraient être examinés cet automne 2025.
Mais c'est sans compter sur l'instabilité politique qui sévit depuis la rentrée et qui rend le calendrier plus flou et incertain, et la crainte de voir cette discussion parlementaire encore repoussée à 2026 est réelle avec le risque de compromettre son adoption durant la mandature actuelle !....Il ne faut pas sous-estimer non plus les convictions personnelles de certains responsables politiques qui auraient tendance à les privilégier en lieu et place de la volonté populaire !... (G. Larcher par exemple, a déclaré que la législation sur l'aide active à mourir est « une rupture avec notre culture chrétienne « (sic))…..
Quelques observations importantes :
- Le débat éthique reste vif : la question de la « phase avancée », de l'expression de la volonté, de l'âge, de la capacité à consentir, de la souffrance psychologique seule, sont des points d'achoppement.
- Le texte est qualifié comme une « réforme sociétale majeure » et suscite des résistances, notamment parmi les professionnels de santé, certaines religions ou associations.
- Enfin, le renforcement des soins palliatifs reste, de mon point de vue, une condition essentielle pour que la demande d'aide à mourir reste un recours reconnu et accepté et qu'elle offre un véritable choix circonstancié et équilibré.
D'un point de vue global, ce projet de loi est un moment historique dans notre législation, dans un décor de culture judéo-chrétienne, car il tente de conjuguer dignité, liberté, accompagnement et responsabilité collective : il s'agit de protéger celui qui souffre, d'accompagner celui qui part, tout en respectant l'engagement éthique du soin !....Et je crains qu'en cherchant à satisfaire tout le monde, nous soyons confrontés à la résolution de la quadrature du cercle !
Pour terminer sur une note plus joyeuse, et pour les fans de Gilbert Bécaud, notamment avec son succès populaire « l'absent », je voudrais vous lire quelques lignes des paroles de cette chanson :
« Qu'elle est lourde à porter l'absence de l'ami …..
Il avait dit un jour ; lorsque je partirai
Pour les lointains pays au-delà de la terre,
Vous ne pleurerez pas, vous lèverez vos verres
Et vous boirez pour moi à mon éternité.
